... DANS LA PRÉSENCE AU SEIN DE LA DOULEUR
Je viens de lire dans Jeff Foster
« Tomber amoureux de ce qui est », éditions Almora 2016, page
84 :
« Je parlais à un ami
agonisant. Il avait du mal à respirer et souffrait beaucoup. Il me disait
comment, en dépit de la douleur, tout cela était parfait d’une certaine
manière, d’une façon qu’il ne pouvait pas expliquer. Qu’au milieu du sang, des
nuits sans sommeil et de l’immobilité, il avait trouvé un lieu de sérénité. Un
lieu où il était libre d’être « celui qui mourait ». Un lieu où il
était libéré de tous les rêves, de tous les espoirs d’avenir, un lieu où il y
avait une acceptation profonde des choses telles qu’elles étaient.
La vie s’était radicalement
simplifiée – le moment était tout ce qui comptait maintenant, et tout ce qui
avait jamais compté. Il me dit : « En dépit de tout ceci, je
n’échangerais pas cette vie pour une autre. »
C’est une sorte d’amour qu’on
n’enseigne pas dans les livres. Ce n’était pas l’amour conceptuel imaginé par
le mental, ni l’heureux amour molletonné qui va et vient et dépend du fait que
les choses aillent « à ma manière », mais un amour inconditionnel, un
amour de sueur et de sang, une grâce
féroce n’accordant rien, sans nom, indestructible, à jamais se renouvelant
elle-même dans la fournaise de la
présence, qui faisait exploser tout ce qui était irréel en mille morceaux.
La douleur était le gourou final de mon ami, dont les leçons étaient brutales
et inattendues mais qui pointaient en définitive vers rien de moins que sa
liberté spirituelle totale, sa nature infinie, immortelle et éternelle. »
Avec le sang en moins, j’ai vécu
cela.
J’ai la chance d’avoir survécu et
d’en garder conscience.
Et surtout de m’en souvenir à
chaque instant de chaque jour…
Mon regard sur la vie a changé.
Sur le réel et l’imaginaire
(illusion) aussi.
Et sur ce qui importe vraiment.
CRÉDIT PHOTO : O.M. LURTON