Janvier :
Mardi
4, je reçois les résultats du laboratoire de
Paris pour identifier la présence de la bactérie clostridium difficile présumée par ma naturopathe être à l'origine
de la CSP. Résultat négatif ! Retour à la case départ. Même si cette bactérie
est difficilement détectable dans la plupart des tests, je préfère ne pas
m'acharner sur cette piste, autant plausible que toute autre. Ma naturopathe
par son enquête sur mes antécédents me permet de prendre conscience que mon
terrain digestif est certainement faible depuis ma naissance où j'étais déjà
allergique au lactose et fus nourri aux laits de chèvre, de brebis et de soja,
ce qui fragilisa mon système digestif. J'en ai conservé à vie des diarrhées
récurrentes que je pensais normales me permettant de manger en quantité sans
prendre de poids. Ma consommation de produits locaux lors de mes voyages en
Afrique du nord (entre 2004 et 2012 Egypte et Tunisie) m'a certainement fait
ingérer des bactéries qui ont continué à affaiblir mon système digestif. Bien
que la bactérie CD soit certainement déjà présente dans mon système, ma prise
en haute dose d'antibiotiques en 2012 a possiblement déstabilisé l'équilibre
précaire d'enzymes dans mes intestins, ce qui aurait ouvert la voie à la
prolifération de la CD, sa remontée dans les canaux biliaires et l'apparition
des symptômes de la CSP.
Mi janvier, je rencontre une dernière fois mon docteur homéopathe régulier qui va
partir à la retraite. Son bilan final ne me propose aucune nouvelle option.
Lundi
20 janvier, à 09hrs, je suis admis pour
la semaine au CHU Bordeaux / St-André pour entreprendre le bilan total requis
pour être placé sur la liste d'attente des transplantations du foie. Ma
nouvelle adresse : unité 13, chambre 15. Je dois arriver à jeun pour les tests
sanguins prévus dès la première heure. Une fois installé dans ma chambre, on
m'avise que l'horaire du programme a changé et que je vais descendre au
rez-de-chaussée à 10h pour les radiographies EFR des poumons* et des sinus
ainsi qu'une panoramique dentaire. De retour à ma chambre, l'infirmière arrive
pour la fameuse prise de sang et doit s'y prendre à cinq reprises pour poser
une sonde dans un bras avant que je m'évanouisse, car toujours à jeun. Je me
retrouve en baisse de tension et hypoglycémie. On m'apporte, après la prise de
sang, un jus de fruit juste avant que les ambulanciers arrivent pour mon
transfert à l'hôpital Pellegrin pour y subir un bilan Cs ORL (sinus, gorge,
oreilles).
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*La radiographie du thorax est une technique d'imagerie médicale à base de rayons X permettant
de diagnostiquer des pathologies atteignant ou retentissant sur le thorax et
ses composantes : atteintes médiatisnales, infections pulmonaires, pneumothorax,
décompensation cardiaque, etc. Source : Wikipédia –
EFR poumons
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Après
l'examen, je flotte littéralement dans les nuages et n'arrive plus à réfléchir
ni à rester conscient. Deux fois, je tombe dans les pommes. C'est alors que ma
compagne exige des infirmières qu'on me donne à boire du jus de fruit. De
retour à St-André à 14h30, je suis toujours à jeun. Ma compagne demande qu'on
me nourrisse. On m'offre une collation du fait que j'ai manqué l'heure du
déjeuner. Dès lors, je me porte mieux.
En après-midi,
la nutritionniste de l'hôpital passe me voir en raison de ma diète
végétarienne, sans lactose et sans gluten. Elle insiste qu'il n'est pas
question de m'abstenir de protéines animales durant mon séjour car je dois
garder la forme pour la panoplie de tests que je vais subir. Elle refuse de
comprendre qu'on vit très bien sans viande ni poisson chaque jour. Elle
n'enregistre même pas mon allergie alimentaire aux produits laitiers de vache.
Durant tout mon séjour, chaque repas sera accompagné de viande ou poisson
(protéines animales), de pain (gluten) et de yaourt au lait de vache (lactose)
! Bien sûr, je ne touche pas au yaourt et à peine du restant. Ce qui réduit mon
alimentation au strict minimum. Encore heureux que ma compagne m'apporte en
douce des plats et collations appropriés. Le bilan sanguin initial indique que
le taux de bilirubine dans mon sang dépasse désormais 450 ml/l.
Mardi
21 janvier, à 07hrs, la journée
commence. Une heure plus tard, je subis l'angioscanner pour lequel on m'injecte
un produit de contraste par intraveineuse dans le bras droit. La sonde est mal
placée et le produit, plutôt que de s'écouler dans ma veine, se répand dans mon
bras qui gonfle comme un ballon qu'on remplit d'eau. C'est vraiment douloureux
et dès que je leur signale, l'infirmière arrête la transfusion et, après trois
tentatives échouées, appelle une infirmière en chef. Cette dernière place la
sonde dans mon bras gauche avec succès. Le scanner peut donc commencer. Les
bras étendus au dessus de la tête, je suis allongé sur un chariot qui est
introduit dans un tunnel inondé d'un vacarme infernal. Dix minutes plus tard,
on m'envoie à l'écho Doppler du TP (foie) avant de m'acheminer vers ma chambre
où mon résultat d'analyse sanguine de la veille m'attend : bilirubine atteint
488 ! Mon petit déjeuner m'est servi à 09h06 : un bol d'eau chaude et une
compote de fruits sans sucre ajouté. Le complément alimentaire hyper-protéiné
(Frésubin) que j'ai demandé à la nutritionniste doit accompagner, me dit-on,
mon déjeuner. Il viendra compléter une assiette de poulet, de pommes de terre
vapeur et le fameux yaourt au lait de vache.
A 14h15 on
vient me chercher pour l'écho cœur qui était prévu pour 16h. Au retour dans ma
chambre, l'hépato-gastroentérologue et son stagiaire passent me voir. En fait,
le médecin entretient son stagiaire de mon état durant les dix minutes que
durent leur visite, sans me donner le droit à la parole. A ma première
question, l'interne disparaît et l'hépato-gastroentérologue reste patiemment
vingt minutes de plus à répondre à mes questions. Dès son départ, l'infirmière
de service passe prendre le formulaire de consentement pour le test de stress
cardiaque que j'ai refusé de signer la veille sans m'en être entretenu
auparavant avec l'hépato-gastroentérologue.
Lorsque le
dîner est servi à 18h15, aucun Frésubin n'accompagne le bouillon et la tisane.
Je demande du papier hygiénique pour mes toilettes, que la poubelle déjà pleine
soit vidée et que la bouteille d'urine prête à déborder soit vidée. Il faut que
j'attende au jeudi, suite à la plainte de ma compagne, pour que le ménage soit
fait pour la première fois dans ma chambre et pour que mes draps de lit tâchés
de sang (je me gratte durant mon sommeil en raison du prurit) soient changés.
Après la plainte de ma compagne, une infirmière passe me voir m'indiquant qu'il
est désormais interdit à ma compagne de me visiter hors des heures fixées à cet
effet, menace que nous ignorons. L'hôpital St-André à beau être vétuste, je ne
m'attendais pas à ce que les services le soient aussi.
Ce soir-là, je
suis bien conscient que même si je procède aux préliminaires pour être placé
sur la liste nationale des transplantations du foie, je demeure tout à fait
contre la transplantation. Je ne suis pas en guerre contre mon foie, mes
conduits biliaires sclérosés ni mes cellules malades. Je ne vois pas l'utilité
d'une ablation de mon foie qui fonctionne très bien, trop bien même puisqu'il
produit de la bile en abondance. Le retirer n'enlèvera pas la pathologie. Au
plus, la procédure me fera gagner du temps. Mais je n'ai pas vraiment envie de
gagner de ce genre de temps si je dois rester malade, dans l'état dans lequel
je me trouve. Là où j'en suis ce jour-ci, la chirurgie et ce qu'elle entraîne,
n'ont aucun sens pour moi. Mais il n'est pas question que je partage cela avec
le personnel soignant. Je choisis comme stratégie personnelle de :
-rester à
l'écoute dans l'instant des messages que m'envoie mon corps et à continuer à
approfondir ma relation avec lui ;
-envoyer de
l'amour sans arrêt vers 'l'intérieur' (mes organes) et au-delà (partout autour
de moi) ;
-ne penser qu'à
ma guérison corps et âme ;
-ne plus perdre
cette vision jusqu'à ma guérison complète ;
-et de rester
positif et optimiste en cultivant ce qui me faisait du bien au quotidien.
Oui ! Je veux
croire au miracle, à la guérison spontanée. Je travaille sur moi, j'ai
entrepris des thérapies émotionnelles, je parle à mon psychiatre, j'ai été
aussi loin que possible en naturopathie, je suis des séances NAET de nettoyage
de mes allergies*, je soigne mon corps avec des massages et de l'acupuncture et
je reste ouvert à toutes les alternatives qui me sont proposées. Même les
cercles de prières et réseaux de soutien, l'eau bénite de
Notre-Dame-de-Lourdes, la médaille bénie de la Vierge et je ne sais quoi
encore. Je ne sais pas d'où viendra l'ultime guérison, alors j'espère au moins
que le cocktail thérapeutique que je poursuis aboutira à un effet cumulatif.
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*La méthode NAET a été crée et développée depuis près de 30 ans par le Docteur Devi
Nambudripad, médecin californien, née en Inde où elle passe son enfance puis
s'installe en Californie en 1976, date depuis laquelle elle y réside. Atteinte
de multiples allergies et sensibilités depuis son plus jeune âge, jusqu'à ne
pouvoir plus s'alimenter que de riz blanc et de brocolis, elle entreprend des
études médicales. D'abord infirmière puis Acupuncteur, elle devient Docteur en
médecine orientale (PhD), Docteur en Chiropratique (D.C.), Kinésiologue, et
enfin Docteur en médecine. C'est en cherchant avec acharnement à combiner
différents éléments de connaissance de ces techniques qu'elle 'trébuche' en
1983 sur la découverte qui allait devenir NAET.
NAET est au carrefour des médecines allopathiques et
orientales, de l'acupuncture, de la chiropratique, de la kinésiologie et de la
diététique. Pour le Dr Devi Nambudripad, une allergie est une réponse
défavorable d'un individu, sur le plan physique, physiologique et/ou
psycho-émotionnel à la présence d'une ou plusieurs substances. Depuis des
milliers d'années, la médecine orientale affirme que toute chose sur terre est entourée
d'un champ électromagnétique qui lui est propre. La santé est un état
d'intégrité des capacités d'adaptation de notre organisme qui lui permet de
trouver un équilibre harmonieux dans l'environnement sur lequel il s'est
construit depuis des millions d'années et qui a particulièrement évolué depuis
quelques centaines d'années. Les allergies, ou limitations de cette capacité
d'adaptation, peuvent être mise en évidence et éliminées, sans effets
secondaires, de façon totalement naturelle et le plus souvent permanente. Cette
découverte novatrice permet de retrouver progressivement un état de bonne santé
et de vaincre les troubles les plus divers : maux de tête, maux de dos,
problèmes digestifs, problèmes respiratoires etc. Sources : '' Vaincre les
allergies et les maladies dérivées '' Dr. Devi S. Nambudripad’s Allergy
Elimination Technique NAET, nouvelle édition en langue française, éd. NAET
–Europe ; commande sur http://www.naet-shop.eu/fr/litterature-livres-patients.html ;et '' NAET : Guide suivi de
traitement '', Dr Devi S. Nambudripad, NAET Europe 2011 (105 Pages) ;
et http://www.naet-europe.com/fr/la-methode-naet/la-methode-naet/la-methode-naet
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Mercredi
22 janvier, matinée à jeun en raison
du test de stress cardiaque (ou 'échographie de stress cœur' ou encore 'échocardiographie
de stress') prévu pour 08h45. Ma tension est à 9.6. Une perfusion au sodium me
tient compagnie d'ici au transport vers la salle d'examen. Le processus
consiste en l'injection d'une drogue qui imite un exercice physique intense
afin de faire augmenter le rythme cardiaque, dont l'intensité est mesurée, et
une nouvelle drogue m'est administrée afin de faire redescendre mon cœur à son
rythme normal. Toutefois, quelque chose d'inhabituel se passe. Mon rythme
cardiaque augmente rapidement mais à un certain niveau, mon système de défense
anti-crise cardiaque entre en jeu et empêche mon cœur de s'affoler.
Normalement, il ne s'agit que d'une pause temporaire, mais dans mon cas, rare
de ce que m'en dit le cardiologue, mon système de sécurité refuse de céder à la
drogue et bloque l'augmentation de mon rythme cardiaque. Le docteur n'a d'autre
choix que de m'administrer la contre-drogue pour terminer le test. Il appelle
cette condition quelque chose comme 'l'état de vague' (sur Wikipédia sous malaise vagal, on y parle du coup de frein vagal)*. Bien que ma
tension soit passée de 9,6 à 13, en tout cas, je vais très bien et m'en tire
sans souci. Le cardiologue m'indique que le résultat du test est négatif, que
j'ai le cœur en excellente santé.
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*L'état de vague, malaise vagal, choc
vagal ou malaise vasovagal est un malaise pouvant être
dû à une activité excessive du système nerveux parasympathique ou à une baisse d'activité
du système nerveux
sympathique. Ce malaise est la traduction d'un ralentissement du rythme cardiaque
associé à une chute de pression
artérielle, aboutissant à une hypo perfusion cérébrale. Il peut s'exprimer
par une perte de connaissance
brève partielle (lipothymie) ou totale (syncope).
Le coup de frein vagal : Chez un sujet normal, le rythme cardiaque baisse progressivement
pendant deux à trois minutes après un effort intense, puis il connaît une chute
soudaine (par exemple, de 185 à 130 pulsations par minute) appelée 'coup
de frein vagal'. Chez le jeune sportif particulièrement entraîné, le système parasympathique
connaît un surentraînement. Ainsi, après une épreuve à la limite de ses
possibilités, le coup de frein vagal de ce sujet 'dépasse son objectif' Le cœur
ralentit normalement puis s'arrête, provoquant un évanouissement. Il se remettra à battre
quelques dizaines de secondes plus tard, sans aucune aide extérieure, et le
sujet reprendra connaissance. Le coup de frein vagal est provoqué par la
libération totale du stock d'acétylcholine,
médiateur produit par les neurones parasympathiques. Tant que toutes les
vésicules d'acétylcholine n'ont pas été épuisées, le jeune sportif reste en
arrêt cardiaque. Le cœur ne reprend qu'une fois qu'il n'est plus freiné par
l'action du système parasympathique. L'atropine peut également faire repartir le cœur,
même si toute l'acétylcholine n'a pas été utilisée. L'atropine agit en bloquant
les récepteurs muscariniques
de l'acétylcholine. Source : Wikipédia – malaise vagal
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Au déjeuner,
en plus de mon assiette de poisson et riz vapeur avec le Frésubin (Ouf ! On y
arrive) ma compagne m'a apporté une soupe maison et un jus frais de carottes du
jour. En soirée, ma tension est redescendue à 8,3 et une nouvelle perfusion
m'est offerte. Mon rythme cardiaque est désormais à 47 (au lieu des 183 durant
le test). Je me sens frustré par l'indisponibilité du personnel soignant à
répondre à mes questions et mes soucis. Les seuls qui prennent le temps de m'écouter
sont les internes. C'est le même scénario dans le chambres voisines (dont les
portes ouvertes m'apportent le son des voix). J'en comprends que le système
administratif médical est une machine lourde, très lourde et très complexe.
Elle ne fonctionne dans ses multiples rouages que si chaque acteur, telle une
roue d'horlogerie, fait son boulot et rien que son boulot, sans aucun
débordement ni initiative. Si quelqu'un venait à outrepasser le cadre de ses
fonctions, le rouage se dérèglerait et ça foutrait le désordre partout. La
machine s'enraillerait et le système tomberait en panne. Ainsi il est
strictement inutile de demander à une infirmière pourquoi un tel traitement
m'est prescrit parce son boulot est d'exécuter et non pas d'expliquer ni de
justifier : ça c'est le boulot du docteur. De même pour le ménage, les repas,
l'horaire des traitements, les déplacements etc. Toutefois, les patients ne
savent jamais à qui s'adresser dans un tel système, ignorant quelles fonctions
relèvent de qui. Poser nos questions à toute personne passant par notre chambre
engendre une confusion, et une frustration générale, qui va se répercuter
rapidement en une baisse de la qualité des soins. En général, on nous répond
qu'on va faire passer l'information. Mais où passe-t-elle ? Parce que le retour
se fait attendre et demeure sans suite. Voilà pourquoi, je pense, les patients
sont priés de fermer leur gueule et d'attendre que le docteur traitant passe
pour poser nos questions. Sinon, on emmerde tout le monde pour rien. Sauf que personne
n'a le courage de nous expliquer cela. Et en plus, lorsque le docteur passe, il
n'a généralement pas le temps de répondre pendant une demi heure à toutes les questions de son patient. D'autres
attendent. Sa présence de quelques secondes dans notre chambre, semble-t-il,
doit suffire à nous rassurer. Comme je pose beaucoup de questions à beaucoup de
monde, je dérange beaucoup. Et ma compagne autant que moi. En tout cas, ce
soir, je pense que s'il n'en tenait qu'à moi, je prendrais mes cliques et mes
claques et je rentrerais chez moi. Et tant pis pour la liste des
transplantations ! 22h, dodo.
Jeudi
23 janvier, 10h30, CS Stomato* et bilan
dentaire : O.K. ! A midi je partage le repas maison apporté par ma dulcinée
plutôt que le méli-mélo protéines animales, gluten et lactose gracieusement
offert par l'hôpital. On m'apprend que l'hépato-gastroentérologue est passé
durant ma sieste et qu'il ne me reverra probablement pas avant mon départ le
lendemain midi. Super ! Et puis je m'en fiche. J'en ai marre. J'ai hâte de
sortir d'ici.
---:---
*La stomatologie est la
science médicale
qui se consacre à la cavité buccale (hors pathologie et traitement conservateur
de l'organe dentaire qui relèvent du dentiste). En embryologie, le stomodeum est l'entrée du tube digestif. Les
praticiens de la stomatologie sont appelés stomatologues ou stomatologistes. Ce
sont en France des docteurs
en médecine spécialisés qui ont suivi un cursus médical en
faculté de médecine et n'ayant pas de compétences universitaires en dentisterie
conservatrice ou prothétique. Les stomatologues sont des chirurgiens
spécialisés dans la chirurgie buccale, l'implantologie, la chirurgie
pré-implantaire, la dermatologie buccale, la pathologie salivaire, la
pathologie carcinologique. La stomatologie est une des branches de la chirurgie maxillo-faciale
(CMF). Dans d'autres pays, le terme stomatologue désigne les dentistes. Source :
Wikipédia
---:---
Vendredi
24 janvier, je me pèse au lever et j'ai
perdu 4,5 kilos depuis mon internement alors qu'avant la super-diète de
l'hôpital, j'arrivais à maintenir mon poids à 61 kg. Je quitte l'hôpital et me
sens revivre. Ouf !
Le 27
janvier, nous prenons la route pour
une clinique naturopathe à Kelh, de l'autre côté de Strasbourg, côté allemand.
Mon acupunctrice, il y a 20 ans de cela, a accompagné un proche pour y subir
des traitements alors que l'hôpital qui le traitait alors l'avait renvoyé à la
maison pour y mourir. Il se trouvait en phase terminale d'hépatite C et de
cirrhose du foie et ne pesait plus que 45kg, confiné en chaise roulante due à
sa faiblesse. Après six de traitements, il fut sauvé par cette clinique et il
n'a, à ce jour, pas subi de greffe du foie et vit en pleine forme. Je ne
pouvais passer une telle opportunité. En fait, cette clinique commence par un physio
scan, semblable à celui que j'ai déjà passé le 3 décembre. Leur système est un
peu plus sophistiqué et est aussi complété par le port, sur soi, de cartes électromagnétiques
(plutôt que la prise de gouttes d'eau informées des données homéopathiques
requises), quelques compléments alimentaires naturels et des consultations
téléphoniques. Les cartes sont modifiées ou changées mensuellement suite à une
analyse de cheveux que nous envoyons par la poste et une consultation
téléphonique. Chaque trimestre, il est recommandé de se rendre sur place pour
refaire un bilan. Ce traitement vient compléter tout traitement médical en
cours sans interférence. Je pouvais donc le suivre avant comme après une
greffe. Nous en profiterons pour aller suivre dans le voisinage, sur le retour,
le traitement des bains d'eau d'orage (mentionné plus tôt) sur deux jours. Nous
rentrons à la maison le 2 février.
Février
:
Je revois l'hépato-gastroentérologue en
consultation le matin du lundi 3 février
à l'unité 13 de l'hôpital St-André pour monter mon dossier d'admission pour la
future transplantation. Il m'apprend que mon bilan d'évaluation est excellent :
j'ai la forme physique d'un sportif de longue date ! Je refuse d'être admis de
nouveau en soin interne pour les deux jours de consultations avec l'équipe
chirurgicale. Mon séjour précédent m'a sérieusement refroidi sur les services à
l'hôpital St-André. L'hépato-gastroentérologue accepte et passe la consigne aux
infirmières qui me lâchent les baskets. J'épargne ainsi à la Sécu trois jours
d'hospitalisation mais les transferts entre les trois hôpitaux en ambulance
sont maintenus puisqu'il refuse que ma compagne s'en charge. Nous dormons chez
sa sœur en ville. Je m'épargne du même coup les repas gastronomiques
hospitaliers. En après-midi à l'hôpital Pellegrin (où aura lieu la chirurgie),
je rencontre l'un des trois chirurgiens. Le lendemain, j'y retourne voir
l'anesthésiste. En après-midi, à l'hôpital Haut-Lévesque, je suis reçu en
consultation par la chirurgienne hépatobiliaire, chef du service des greffes
hépatiques, qui effectuera la greffe à l'hôpital Pellegrin (le sort en voudra
ainsi, et tant mieux pour moi !). De retour à ma chambre à St-André pour les
prises de sang du bilan sanguin, l'infirmière me fait une injection du vaccin
d'hépatite B (Engerix B20) et m'avise que le rappel me sera injecté la semaine
suivante. Je suis abasourdi de n'avoir pas été prévenu et je refuse d'emblée le
rappel. Elle me renvoie à l'hépato-gastroentérologue qui devant mon objection
m'indique que ce vaccin est routine dans le processus des transplantations vu
que nombre de transplantés développent une hépatite suite à la greffe, mais que
de toute façon il est inutile dans mon cas puisque les analyses sanguines ont
déterminé que j'avais déjà eu l'hépatite B et que mon sang contenait les
anticorps. Ainsi, on m'a administré une cochonnerie de vaccin totalement
inutile ! De retour à la maison je prendrai un traitement homéopathique pour
neutraliser l'effet toxique de ce vaccin. A la fin des consultations, il me
faut laisser à l'unité 13 mon dossier médical (que j'ai transporté d'un
rendez-vous à l'autre) ainsi que les formulaires de consentement dument
complétés et signés.
L'hépato-gastroentérologue
m'a promis un appel téléphonique vendredi après la réunion de son équipe le
jeudi après-midi pour décider de mon inscription sur la liste nationale des
transplantations. La recommandation sera positive et immédiate. Je reçois une
trousse d'information des services des greffes hépatiques de l'hôpital
Pellegrin qui me suivra désormais. Je continuerai de voir mon
hépato-gastroentérologue d'ici à la chirurgie pour les suivis mensuels. Il
m'indique que si je n'arrive pas à maintenir mon poids, ce jour-là à 57 kg, il
devra me faire hospitaliser pour être nourri par intraveineuse ou pour
installer une sonde alimentaire (nez-estomac). Mon prochain rendez-vous de
suivi est fixé au 16 avril à 16h30, « mais on se verra certainement avant
ça » affirme-t-il.
Je retire de
ces consultations les renseignements suivants concernant la procédure de greffe
:
1) La rapidité de la disponibilité d'un greffon dépend de deux facteurs
principaux : a) mon niveau de priorité sur la liste nationale des transplantations
qui est établi par un système de points, et b) la disponibilité d'un greffon
compatible. L'attente varie entre deux et six mois, voire plus. Je dois
désormais être joignable jour et nuit, ce qui implique de me procurer un
téléphone portable, ce que je n'avais pas.
2) Lorsqu'un appel me parviendra parce que mon tour est arrivé, je devrai
me rendre à l'hôpital mais une évaluation du greffon disponible aura lieu dans
un délai de deux heures à partir de sa mise en disponibilité et il se pourrait
bien qu'on me renvoie à la maison en raison d'une incompatibilité.
3) Si compatibilité il y a, je serai placé sous anesthésie totale deux
heures avant la chirurgie qui durera de cinq à sept heures.
4) Au réveil, je passerai une semaine en box de réanimation puis jusqu'à
trois mois en chambre stérile pour récupération.
5) Une fois libéré, j'aurai des tests sanguins chaque semaine ainsi
qu'une consultation de suivi à l'hôpital pour ajuster les doses de médicaments,
et cela, pour les trois premiers mois, période durant laquelle je demeurerai
particulièrement fragile, en repos absolu. Six mois après la chirurgie je
devrais être de nouveau en bonne forme, toujours suivi mensuellement en
consultation à l'hôpital. Après ce délai, les bilans sanguins et le suivi
médical s'échelonneront chaque trimestre pour se stabiliser deux fois l'an par
la suite, avec prise de médicaments à vie. Dans mon cas, en raison de la CSP,
les sels biliaires (Delursan) et la cortisone (Solupred) devront être maintenus
à vie.
Le
12 février, j'entame une nouvelle thérapie : les soins Esséniens, d'Anne
Givaudan (elle a écrit de nombreux livres et gère un centre de soins et de
formation). Des amis voisins la connaissent bien et interviennent auprès
d'elle, très prise, pour qu'elle me voit sans délai. Elle me reçoit avec son
mari pour une 'lecture d'aura' et pour un soin énergétique avec magnétisme et
huiles essentielles. Elle perçoit dans mon champ électromagnétique diverses
perturbations et certaines informations liées à des troubles autant physiques
qu'émotionnels liés à mon passé. Son interprétation, et le sens que cela a pour
moi, me permet de prendre conscience de l'impact de mon histoire sur ma santé.
Le soin effectué par son mari a pour but de rétablir au mieux mon équilibre
électromagnétique, équilibrer mes centres d'énergie, relâcher les tensions
émotionnelles et faciliter le processus de guérison. Je serai par la suite
suivi par une de leur collègue formée dans la pratique des soins Esséniens.
Le
14 février, je reçois une lettre de l'Agence de la Biomédecine me
confirmant mon inscription, pour une greffe du foie, sur la Liste nationale des
malades en attente de greffe gérée par cette même agence.
Vendredi
21 février, je demande à mon docteur
traitant de placer la demande pour un transport par ambulance sur plus de 150
km en vue du jour prochain où la greffe s'effectuera. Ma mutuelle a enfin
accepté de me prendre en charge à cent pour cent pour la transplantation mais
je dois obtenir d'avance l'autorisation pour le transport par ambulance entre
mon domicile en Dordogne et l'hôpital de Bordeaux. Toutefois, il me faudra
rappeler mon
docteur le
mois suivant car je n'ai pas reçu de réponse de ma mutuelle, ma requête ayant
été oubliée.
Ce même jour,
je consulte par Skype une docteur naturopathe réputée sur Paris. Elle me
prescrit le cocktail suivant :
-une tisane
d'aubier de tilleul à 250 ml par jour en plusieurs prises d'une gorgée tout au
long de la journée, cela afin d'aider les fonctions de mes reins ;
-des vitamines
B Biocomplexe, C Biophénix et D Biomultion ;
-du sérum
d'anguille en homéopathie 4 et 7 ch, 5 granules 7 fois par jour ;
-une gélule par
jour de Royal Proflor pour soutenir ma flore intestinale ;
-avec l'enzyme
Lintenzyme Forte, deux à trois comprimés par repas;
-et après 10 jours
de prise de la tisane d'aubier de tilleul, prendre une cuillère avant chaque
repas d'agent colloïdal Argentin.
Elle me suivra
en consultation téléphonique chaque 15 jours.
Lundi
24 février, je commence une thérapie
émotionnelle à base d'EMDR* pour me libérer des blocages inconscients des
traumas infantiles. Cette docteur s'intéresse aux thèmes travaillés en
parallèle par mon psychiatre afin d'en compléter le suivi, attitude réciproque
de ce dernier. Ce travail en équipe me permet d'accomplir d'importants progrès
très rapidement. Il est intéressant de noter que de nombreux thérapeutes se
sont présentés spontanément pour m'aider ou par l'entremise d'amis et de
proches. Il m'était difficile de refuser un tel soutien réconfortant, d'où mon
ouverture à essayer diverses approches auparavant inconnues de ma part.
Assumant pleinement l'entière responsabilité de mon état de santé, je décidais
le plus souvent d'adhérer à ces nouvelles initiatives, ne sachant jamais de
quel côté viendrait la guérison providentielle.
---:---
*La désensibilisation et reprogrammation par
mouvement des yeux (Eye Movement Desensitization and
Reprocessing ou EMDR) est un type d'intervention à visée
psychothérapeutique mise au point par Francine Shapiro, psychologue américaine, membre du Mental Research Institute de Palo Alto, en
1987. Cette thérapie est efficace dans le traitement du syndrome de stress
post-traumatique. La particularité de l’EMDR reste la stimulation
sensorielle généralement appliquée sous une forme bilatérale alternée et le
plus souvent par le biais des mouvements oculaires. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eye_movement_desensitization_and_reprocessing
L’EMDR
permet la remise en route d’un traitement
adaptatif naturel d’informations douloureuses bloquées (par exemple après
un choc traumatique), la mobilisation de ressources psychiques et la
restauration d’une estime de soi déficiente.
Le
traitement de l’information est un phénomène naturel de 'digestion' des évènements
de vie ou de souffrances existentielles parce qu’il articule :
• Une
baisse et donc une remise à niveau des émotions.
• Une
résolution des déséquilibres psychocorporels.
• Une
intégration de 'souvenirs' pathogènes dans la mémoire, qui cessent ainsi d’être
douloureux. L’EMDR ne peut ni effacer, ni changer le passé, mais permet qu’il
ne fasse plus mal.
• Une
restauration de l’estime de soi.
Ce
modèle guide la pratique de l'EMDR. Source : ww.emdr-france.org
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Fin
février, nous avions planifié de nous rendre à Notre-Dame-de-Lourdes afin
que je puisse y passer une journée ou deux. Mais je suis beaucoup trop faible,
ne pesant plus que 55 kg, marchant désormais à l'aide d'une canne et ayant
froid en permanence. Je n'ai pas la force physique de faire le déplacement et
doit annuler, malgré l'offre d'une sœur de ma compagne de nous y accompagner.
Cela est au delà de mes forces physiques. Je préfère réserver mes faibles
énergies pour me rendre en Bourgogne, à Auxerre, pour une cure de bains d'eau
d'orage chaude, sur deux jours, au lieu des bains froids de Lourdes. Ma
compagne organise tout. Ces bains très revitalisant sur le coup, exigent une
période prolongée de repos par la suite, des repas légers et la réabsorption de
beaucoup d'eau.
Je passe
maintenant mes journées et mes nuits alité ou allongé sur le divan du salon.
Trop faible même pour lire ou travailler à l'ordinateur, je fixe le plafond en
respirant calmement, m'apaisant l'esprit et me donnant des soins de magnétisme
ou en passant en boucle des mantras en pensée. Je suis dans un état de grande
paix et calme intérieurs. La peur de la mort m'a quitté depuis de nombreuses
années en raison d'expérimentation de voyages dans d'autres plans de conscience
(voyage astral). Et la peur de souffrir se diffuse et s'atténue du fait que mon
corps est désormais en souffrance permanente à cause du prurit omniprésent, des
crampes et spasmes musculaires fréquents dus à l'immobilité. J'ai l'impression
que mon cerveau pédale dans la choucroute et tourne au ralenti.
L'épaississement progressif de mon sang en raison de la concentration accrue de
bilirubine sanguine ralentit désormais mes fonctions cérébrales. J'arrive
encore à prendre de brèves notes de mon état quotidien, des soins et des
quelques thérapies que je m'efforce de poursuivre. Je me délecte de plus en
plus de massages à domicile, jusqu'à trois fois par semaine.
Mars
:
Poids, 54 kg. J'entreprends par Skype
une thérapie brève (trois séances de 60 minutes) de nettoyage des blocages
résultants des antécédents familiaux par le biais d'une thérapie du pardon sous
la direction d'un psychologue américain*. Nous commencerons par travailler ma
relation à mes parents, ma famille et enfin par rapport à moi-même. Cette
approche me soutient énormément, autant par les thèmes travaillés que par les
forts symboles qui me restent après chaque séance et qui constituent des points
d'ancrage très puissants.
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*Le
Dr. Laskow est un médecin obstétricien et psychothérapeute
américain qui a fait ses études à l’Université de
Stanford (USA), puis étudie et développe le pouvoir guérisseur de l’Amour
depuis plus de 30 ans. Il enseigne la Guérison Holoénergétique et l’éveil de
soi aux professionnels de santé ainsi qu’à toute personne intéressée. Il
a développé une approche intitulée 'La guérison par
l’amour'. Des recherches auxquelles le Dr Laskow a participé révèlent que la
compassion profonde et le sentiment d’amour peuvent produire des modifications
électro-physiologiques dans le corps que l’on peut constater par un
électrocardiogramme.
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Jeudi
20 mars, je rencontre mon médecin
traitant pour renouveler ma prescription de somnifères (Zolpiden 10 et Atarax
25) et mettre mon dossier à jour avec les résultats des analyses sanguines et
du bilan physique. J'en profite pour lui soumettre la directive médicale
anticipée* que j'ai préparée, lors de la mise à jour de mes dispositions
testamentaires, afin qu'il la révise et l'entérine avant que je la place à mon
dossier.
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*La
Directive Médicale Anticipée : Toute personne
majeure peut, si elle le souhaite, faire une déclaration écrite, appelée 'directives
anticipées', afin de préciser ses souhaits quant à sa fin de vie, prévoyant
ainsi l’hypothèse où elle ne serait pas, à ce moment-là, en capacité d’exprimer
sa volonté. A quoi servent les directives anticipées? Dans le cas où, en
fin de vie, vous ne seriez pas en mesure d’exprimer votre volonté, vos
directives anticipées permettront au médecin de connaître vos souhaits concernant la possibilité de limiter ou
d’arrêter les traitements alors en cours. Le médecin n’est pas tenu de s’y
conformer si d’autres éléments venaient modifier son appréciation. On considère
qu’une personne est 'en fin de vie' lorsqu’elle est atteinte d’une affection
grave et incurable, en phase avancée ou terminale. Source :http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/les_directives_anticipees.pdf
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Ce soir-là,
avec ma compagne, nous décidons de sortir pour la première fois depuis mon
malaise du 8 décembre. Nous quittons la maison pour le cinéma à 20h. J'oublie
mon téléphone portable. A 20h10, l'hôpital Pellegrin téléphone pour m'aviser
qu'un greffon est disponible et que je dois rappeler sans tarder.
L'appel sera
renouvelé trois fois dans les 60 minutes qui suivront. Le docteur de garde
contacte la gendarmerie de ma commune pour tenter de me localiser. Celle-ci
téléphone au maire du village, mon voisin, qu'il rejoint en pleine réunion du
conseil. Ce dernier, sur le fait, se trompe de famille et indique que les
Mathieu vivent en fait à Royan et n'ont qu'une résidence secondaire ici au
village. Il ne pense pas à mon nom, oubliant que notre propriété étant au nom
de ma compagne, je n'apparais pas comme propriétaire dans sa commune. La
gendarmerie avise le docteur qui se résigne à proposer le foie à la prochaine
personne sur la liste d'attente. N'ayant pas fourni à l'hôpital de numéros de
téléphone d'amis en cas d'impossibilité de nous rejoindre sur nos lignes
directes, mon dossier est incomplet
auprès du service des greffes hépatiques de l'hôpital.
En rentrant à
la maison vers 22h30 ce soir-là, je trouve les appels manqués et en téléphonant
au docteur de garde, j'apprends avoir perdu mon tour sur la liste. Il me
demande par la même occasion de mettre l'information de mon dossier à jour. Ce
que je fais dès le lendemain.
Cet appel est
en fait un réveil pour ma compagne et moi. Elle refusait d'aborder avec moi les
conséquences difficiles entourant la transplantation, concentrant son attention
exclusive sur la guérison spontanée et les thérapies naturelles. Par la même
occasion, le fait de réserver un numéro de téléphone portable, devant être
allumé en permanence pour permettre à l'hôpital de me rejoindre, était un sujet
tabou entre nous. Nous abordons enfin une discussion approfondie de ces
questions. J'en profite pour fixer un rendez-vous avec un représentant de
l'Association des transplantés de Gironde afin qu'un de leurs membres ayant
subi une greffe du foie et son épouse puissent venir s'entretenir avec nous sur
leurs perspectives et vécus de cette procédure. Ils viennent passer un dimanche
après-midi avec nous. L'échange en découle est des plus instructifs. A leur
départ, mon épouse et moi nous effondrons en larmes, tellement des émotions
fortes ont été brassées durant cette rencontre. Cela nous permet d'appréhender
la transplantation comme une réelle alternative dans le cas de ma pathologie.
Je continue de tout faire pour accéder à une guérison avant une greffe, mais
dans l'éventualité où un greffon devienne de nouveau disponible, je suis
désormais décidé à accepter cette option.
Il n'en est
pas ainsi pour ma compagne, encore terrorisée à l'idée de me perdre soit des
suites éventuelles de la maladie, soit des suites imminentes de la chirurgie
hépatique. Pour elle, tout ce qui concerne de près ou de loin la
transplantation est inabordable, qu'il s'agisse d'avoir sur moi en permanence
un téléphone portable ou mes démarches testamentaires ou mon organisation
médicale et ambulancière en prévision de l'appel éventuel de l'hôpital pour la
greffe. En fait nous n'abordons vraiment pas le sujet et je fais mes démarches
en secret, et seul. Elle ne se sent pas soutenue ni comprise dans ce qu'elle
vit et je me sens seul et non accompagné dans ma propre réalité. Face à cette
impasse invivable dans laquelle nous avançons, et commençant véritablement à
avoir peur qu'elle ne craque nerveusement alors que je dépends totalement de
son soutien et de ses ressources, je lui conseille de consulter mon psychiatre,
ou un autre, enfin de parler à quelqu'un et de soulager sa surcharge
émotionnelle. Ce qu'elle accepte ! En quelques semaines, nous sommes de nouveau
tous deux sur la même longueur d'onde et travaillons une nouvelle fois
ensemble, d'un commun accord, vers un objectif partagé : survivre !
Avril
:
Mercredi
16, je rencontre mon hépato-gastroentérologue à l'hôpital St-André de
Bordeaux qui m'inscrit pour une nouvelle échographie Doppler du foie, me
prescrit huit nouveaux tests sanguins, et dans trois mois un nouvel IRM. Nous
discutons de la possibilité de refuser un greffon d'une personne ayant été
atteinte d'une hépatite B et de sa conséquence pour la prise d'un médicament
supplémentaire à vie. Je refuse donc cette possibilité qui est notée à mon
dossier. J'en profite pour y verser un exemplaire de ma directive médicale
anticipée. Le docteur exprime, en présence de son interne qui assiste à la
consultation, son admiration face à ma capacité d'endurer mon état. Il dit,
s'adressant à son interne, « Monsieur ne se plaint pas et garde le moral
malgré la gravité des symptômes de son état très avancé. » Il est
impressionné, je crois, par la façon dont je gère mon traitement et toutes les
options qui peuvent soutenir mon corps dans ce qu'il vit, de façon sereine et
sans me décourager. L'écho-Doppler a lieu le
25 avril et tout va bien.
Mon poids
oscille entre 54 et 55 kg car j'ai ajouté à ma diète, en plus des suppléments
hyper-protéinés, des jus de légumes frais pressés, un demi litre par jour en
moyenne. Ma compagne doit s'approvisionner de plusieurs kilos de légumes frais
biologiques (carottes, épinards,
betteraves, cèleri, radis noir, persil, pommes) afin de les presser pour
atteindre un litre de jus par jour. Excellent apport de vitamines et minéraux,
ainsi pressé et filtré, le jus passe facilement la paroi intestinale sans avoir
à être dissout par la bile, inexistante dans mon système digestif. Ma perte de
poids continue résulte du fait que les aliments passent à travers mon système
digestif sans être digérés, n'apportant aucun nutriment à mon corps.
Mai
:
Samedi
3, à midi dix, le téléphone sonne. Dans le salon, je quitte le fauteuil,
pose ma lecture et décroche l'appareil.
« Allô ?
- Bonjour. Ici
le secrétariat du centre des greffes hépatiques du CHU Bordeaux-Pellegrin.
Puis-je parler à Monsieur Daniel Mathieu, s'il vous plait ?
- C'est lui à
l'appareil.
- Bonjour
Monsieur Mathieu. Nous avons un foie pour vous. Ne quittez pas la maison car je
vous rappelle d'ici une demi-heure pour vous confirmer la compatibilité du
greffon !
- Très bien,
j'attends votre appel. Je raccroche. Me tournant vers mon épouse assise sur le
divan, j'indique, le cœur battant la chamade :
- C'était
l'hôpital. Ils ont un foie pour moi et vont me rappeler de suite pour confirmer
si je dois m'y rendre d'urgence pour la transplantation...
- Oh ! Mon Dieu
! S'exclame-t-elle, effrayée.
- Je vais me
préparer, juste en cas... J'ouvre le calepin téléphonique à la page des
coordonnées du service d'ambulances local. Puis je vérifie que ma carte de
sécurité sociale soit bien dans mon portefeuille.
- Que vas-tu faire,
s'ils te rappellent pour te confirmer l'opération ? Demande-t-elle, inquiète.
- Je m'y rends
en ambulance aussi vite que possible. Je n'ai pas d'autre choix.
- Bien sûr que
si. Tu peux refuser !
- Non ! Je ne
le peux pas. C'est soit la transplantation avec les risques que cela engendre
avec la possibilité d'une prolongation de ma vie, soit une mort certaine dans
quelques semaines tout au plus. Alors non, je n'ai pas le choix ! J'insiste,
sentant la colère et la frustration monter en moi.
- Mais tu ne
crois donc plus en la guérison spontanée à laquelle tu travailles depuis des
mois ? Insiste-t-elle, déroutée et anxieuse.
- Ma chérie,
dis-je en essayant de me calmer, j'ai vraiment fait tout ce que j'ai
humainement pu pour y arriver et même si je sens que d'un certain côté j'ai
atteint un résultat décisif, là, il ne s'agit plus de tergiverser. Une option
concrète s'offre à moi : la transplantation ! Bien des gens atteints de maladie
terminale aimeraient être dans ma position et avoir une telle opportunité. Je ne
peux pas cracher dessus. Aussi effrayant que cela puisse paraître, je dois
courir le risque et tenter ma chance d'une prolongation de vie par cette
chirurgie qui m'est proposée...
- Mais cela
implique plusieurs semaines d'hospitalisation, avec tous les risques de
complications, d'infections et je ne sais quoi d'autre, pour ne pas parler des
médicaments lourds à vie avec leurs effets secondaires inconnus...
insiste-t-elle déplorée, les larmes aux yeux. »
La sonnerie du
téléphone interrompt notre échange. Tous deux nous sursautons et tournons notre
regard vers l'appareil. Avec un air désolé pour ma compagne, je m'approche du
téléphone et pose la main sur le combiné. Prenant une grande inspiration,
déterminé, je décroche.
« Allô ?
- Monsieur
Mathieu ?
- Oui.
- C'est
l'hôpital Pellegrin qui rappelle. C'est confirmé. Le greffon est pour vous.
Dans combien de temps pouvez-vous être ici ?
- Je téléphone
à l'ambulance... Elle arrive en dix minutes et je devrais être à l'hôpital
d'ici deux heures, deux heures trente.
- D'accord,
nous vous attendons. Venez directement au secrétariat du centre des greffes.
- Merci. A tout
à l'heure. Je raccroche et me tournant vers ma compagne, j'annonce :
- C'est
confirmé : le greffon est pour moi et ils m'attendent ! J'appelle l'ambulance.
- Oh ! Mon Dieu
! Tu es certain ?
- Oui ! C'est
décidé. Et sans plus attendre, je compose le numéro des ambulanciers. Me
retournant vers elle, je la prends dans mes bras.
- Tout ira
bien, ma chérie. Tu verras, dis-je autant pour la rassurer que pour moi-même. A
peine ai-je le temps de me préparer, d'enfiler mes souliers et d'attraper mon
manteau que l'ambulance s'avance devant la maison.
- Je te
téléphone dès qu'ils me confirment que l'on procède à la transplantation. D'ici
là, n'avise personne, comme convenu, d'accord ? Ma compagne accepte, encore
sous l'effet du choc, blême et fébrile, retenant ses larmes, les bras croisés
et serrés sur sa poitrine. »
Nous nous
embrassons et je quitte la maison pour rejoindre l'ambulancier qui m'ouvre la
porte du véhicule. Après deux heures quinze de trajet sans encombres,
l'ambulance se gare à l'entrée de l'hôpital Pellegrin. L'ambulancier
m'accompagne jusqu'au secrétariat du service des greffes hépatiques, puis après
avoir reçu son bordereau de livraison, me souhaite bonne chance et prend congé.
Une secrétaire m'accoste et procède aux formalités d'admission en quelques
minutes. Elle me confirme que le greffon est pour moi et que la transplantation
aura bien lieu. Je demande une minute pour téléphoner à ma compagne lui confirmant la tenue de
l'opération et qu'elle pourra appeler le secrétariat plus tard dans la soirée
pour des nouvelles. Deux infirmières arrivent et me prennent en charge. Je suis
conduit en salle préparatoire. On me demande de me déshabiller totalement et de
placer mes effets dans un grand sac plastique, puis d'enfiler la chemise
d'hôpital. Je m'exécute et elles m'amènent dans un cabinet de consultation où
elles m'expliquent que je vais être rasé des genoux jusqu'au cou et qu'ensuite
il me faudra prendre une douche en me savonnant intégralement avec un savon
antiseptique. Je ne pèse plus que 53 kg, comparés à mes 74 kg normaux. La
procédure prend moins de vingt minutes. Allongé sur une civière, je suis
escorté en salle préopératoire où une équipe d'infirmières s'active déjà. On
m'explique que je vais être placé immédiatement sous anesthésie totale, deux
heures avant la chirurgie, afin que l'on procède aux soins préparatifs. La chirurgie
suivra, sous la direction de la chirurgienne en chef du service. Un masque à
oxygène placé sur mon visage, on me demande de respirer normalement. Je me
détends, prie pour que tout se passe bien puis, respirant tranquillement, je
sombre dans le sommeil sans m'en apercevoir.
Chez moi, à
150 kilomètres de Bordeaux, en plein Périgord noir, dans la maison familiale,
ma compagne essuie nerveusement ses larmes. Prenant une grande respiration,
elle décroche le combiné du téléphone et, prenant son courage à deux mains,
commence une série d'appels difficiles en vue d'aviser nos proches et ma
famille que je me fais opérer. Il lui faut notamment rejoindre ma fille cadette
pour annuler son voyage, avec sa petite famille, du Canada pour me rendre
visite. Comme j'entre à l'hôpital, on ne pourrait pas se voir. Les nerfs à vif
lorsqu'elle raccroche, débute pour elle une attente interminable des quelques
heures qui la séparent du diagnostic du résultat de ma transplantation
d'organe. Elle essaiera tant bien que mal de se changer les idées en
s'activant, en lisant, écoutant de la musique, faisant des courriels, du
ménage, préparant un repas, le tout en vain. L'angoisse étant plus forte que
tout, la peur de la perte de son compagnon de vie, la frayeur de l'inconnu, de
l'incertitude, de l'attente, tout lui pèse et la porte aux larmes, qui de façon
intermittente, la soulageront quelque peu. Vers 23 heures, elle compose le
numéro du service d'hépatologie qui l'avise que la transplantation est un
succès, que tout s'est déroulé parfaitement, sans hémorragie, que je suis
encore endormi sous l'effet de l'anesthésie. On lui demande de rappeler le
lendemain matin et qu'elle pourra passer me voir dans l'après-midi. Soulagée,
elle raccroche et éclate en sanglots salvateurs et bienfaisants. Prévoyant un
sommeil difficile, elle avale une pilule de somnifère et se dirige vers sa
chambre à coucher.
Dimanche
4 mai, vers 7h30 : Dans l'espace d'une
noirceur absolue, le déclic d'une lampe qu'on allume résonne. Pourtant il fait
toujours noir. C'est plus un bref éclat de conscience, d'ailleurs, qu'une
lumière. Une petite lueur de conscience de soi dans un vide sombre intense.
Puis, des sons difformes émergent d'on ne sait où. Des voix indistinctes, des
paroles incompréhensibles, des échos dans une pièce vide. Subitement, une
sensation de douleur physique s'impose. Impossible de la localiser. La douleur
semble diffuse, mobile, omniprésente. Et un goût étrange dans la bouche. Flotte
une odeur de désinfectant ou d'alcool ménager. Une voix distincte annonce «
Il se réveille ! Monsieur Mathieu ? Vous m'entendez ? Comment vous sentez-vous
? » Mon cerveau prend quelques
secondes pour analyser la situation et me situer dans l'espace. « Ah !
Oui. L'opération ! » Me revient à l'esprit. Ouvrant péniblement les yeux
éblouis par la lumière trop forte de la pièce, j'aperçois deux infirmières
s'affairant autour de mon lit. Je suis intubé de partout : dans le côté gauche
du cou, sur le flanc droit, dans les deux bras et dans le nez. J'ai mal mais la
douleur est tolérable. « Je vais bien » annonçais-je aux infirmières.
« Tout c'est bien passé et la transplantation s'est très bien déroulée »
explique une infirmière. « Pouvez-vous évaluer la douleur sur une échelle
de dix ? » demande l'une d'elles. Après réflexion, je réponds « six
ou sept ». L'infirmière reprend « Je vais ajuster la dose et vous
vous sentirez mieux. » Je sens la manipulation d'une sonde dans mon
bras droit et quelques secondes passent. Je flotte dans les nuages, mon esprit
s'élève vers le plafond de la pièce et ma conscience devient diffuse, évaporée.
Je sombre de nouveau dans l'inconscience.
Il fait jour.
Ou du moins, la pièce est éclairée. Je reprends conscience dans la matinée. Je
me trouve dans un box de réanimation, une petite pièce vitrée contre la station
des infirmières. Deux d'entre elles, masquées, s'activent à côté de moi,
mesurant et notant diverses données : le volume de liquide sorti des drains
d'évacuation post-opératoires, de l'urine, du montant de liquide transfusé par
les diverses sondes. J'en ai dans mon bras droit, dans le côté droit de mon
cou, dans mon bras gauche et une sonde respiratoire dans mon nez en plus de la
sonde urinaire sortant de mon pénis. On m'explique que la greffe s'est bien
déroulée, qu'on va me prélever du sang pour mon premier bilan, on prend ma
tension, ma température et mon taux de glycémie aussi. On vérifie l'état de ma
cicatrice et des points de sutures, puis on nettoie la plaie et remplace le
pansement. On m'explique que cette routine sera répétée plusieurs fois par jour
afin de vérifier l'état de ma convalescence. Je me laisse faire, coopératif. « J'ai
faim et j'ai soif » dis-je, ce qui porte un sourire aux lèvres des
infirmières. « C'est très bon signe » affirme l'une d'elles, me
tendant une bouteille d'eau en plastique équipée d'une paille afin que je me
désaltère. Je me sens tel un pantin avec les ficelles restreignant mes
mouvements. Tout au plus, je peux tourner la tête de 45 degrés et mon corps sur
une dizaine de degrés de chaque côté. Mon flanc droit est raide et douloureux
et me tiraille dès que je bouge. La télécommande du lit électrique me permet
d'ajuster l'angle d'assise ou de surélever mes pieds. Je prends un cocktail de
médicaments antirejet, anti-coagulent, décontaminant et de l'insuline pour
compenser pour le taux de glucose élevé des autres produits.
Il faut dire
que plusieurs médecins vont désormais me suivre durant mon hospitalisation et
comme ils seront masqués, je ne les distinguerai pas toujours ; il s'agira de
la chirurgienne en chef, de mon hépato-gastroentérologue, de l'hématologue du
service de transplantation et des divers médecins de service. En plus,
infirmière du service de transplantation me visitera et je serai soigné par les
infirmières urgentistes de l'unité de suivi chirurgical 24 h sur 24. Je me sens
bichonné comme un nouveau né !
Dans la
matinée, on me passe mon épouse au téléphone. Elle viendra me voir en
après-midi, entièrement vêtue d'une tenue d'hôpital, d'un masque et d'une calotte
chirurgicale. Elle est heureuse de me retrouver bien réveillé, lucide,
souriant, en pleine forme mentale.
Les
deux prochaines journées se déroulent bien, je
récupère dans le calme et la patience, malgré l'inconfort de toutes les sondes
qui m'empêchent de bouger. Lors de la visite du médecin le deuxième jour,
j'indique que j'ai de l'aérophagie, que je passe bien l'urine mais que je n'ai
pas encore pu aller à la selle. La docteur m'indique que tout cela est
excellent et que dès le lendemain, on pourra me transférer dans une chambre
stérile pour continuer ma convalescence qui se déroule de façon optimale. Le
passage du gaz, indique la docteur, signifie que le processus de digestion est
enclenchée, ce qui confirme le bon fonctionnement de mon système digestif. Et
surtout le retour de mon appétit. Tout se passe au mieux et je n'ai pas besoin
de rester en box de réanimation sous surveillance constante puisque mon état
est excellent. On m'enlèvera les sondes du cou avant le déplacement ainsi que
la sonde respiratoire de mon nez, ce qui me soulage énormément. La prochaine
fois que je verrai ma compagne, je serai déjà installé, le troisième jour, dans
ma chambre stérile, au numéro 12 du 5e étage : la 12-05 (ce qui correspond
étrangement à la date de naissance de ma compagne, le 12 mai !).
A son arrivée
à l'étage, elle est toute surprise.
« Tu n'étais plus à la station des infirmières qui m'ont dirigée
ici. Mon premier réflexe fut d'avoir peur qu'il te soit arrivé quelque chose de
grave et qu'on t’ait transféré aux urgences. J'étais étonnée que tu sois déjà
placé en chambre stérile mais les infirmières m'ont expliquée que tu récupérais
tellement bien, que tu avais été libéré de ton box déjà réquisitionné pour un
prochain patient.
- Oui, c'est
formidable ! Je me sens à merveille et j'ai une faim de loup. Ici la chambre et
la salle de bains sont nettoyées plusieurs fois par jour et les infirmières
viennent m'examiner toutes les trois heures. On fait ma toilette au réveil puis
mon petit déjeuner est servi : tisane et compote. Après l'autorisation d'un
médecin, on m'a servi un potage et de la purée de pommes de terre, ce qui a
calmé ma faim. Je leur cause un certain défi avec mon régime sans gluten et
sans produits laitiers mais la nutritionniste du service est passée me voir et
a ajusté mes menus en fonction de mes besoins. Elle t'autorise aussi à
m'apporter des tisanes et collations appropriées et du lait de riz pour mes
besoins personnels que tu pourras stocker dans mon armoire après les avoir fait
inspecter par l'infirmière de service.
- Et pour la
lecture ? Me questionne-t-elle.
- Pas de
problème avec les magazines sous cellophane et les livres neufs encore dans
leur emballage.
- D'accord, je
t'en apporte dès cet après-midi. J'ai aussi préparé diverses photos de tes filles
et de la maison pour décorer tes murs. Les rosiers sont en fleurs à la maison
et c'est sublime.
- Merci ma
chérie, c'est chouette ! »
Ce soir-là, je trouve difficilement le sommeil. Une multitude
d'émotions me harcèlent en permanence, tout comme si plusieurs écrans de
télévisions fonctionnaient simultanément ou si plusieurs stations radio
jouaient en même temps. Pourtant je sens bien les émotions individuellement.
J'ai l'étrange sensation que les émotions émanent de mon nouveau foie, comme
des réactions chimiques autonomes et qu'elles chercheraient à se brancher à
quelque chose de similaires dans mon propre corps, ou plutôt dans la mémoire de
celui-ci. Car les images associées aux émotions sont bien mes propres mémoires.
Mais leur émergence, à ce moment-là, n'a aucun sens. L'image qui me vient est
que mon nouveau foie essaie de se brancher à mon propre système neurologique et
chimique et en envoyant des signaux émotionnels, ceux-ci interpellent des
mémoires émotionnelles dans mon corps. Il en résulterait une concordance, un
lien, une connexion entre le système chimico-émotionnel de mon nouveau foie et
mon propre système chimico-émotionnel. Ce dernier déclencherait des mémoires
émotionnelles appartenant à mon passé : colère, tristesse, angoisse, chagrin,
joie, haine, euphorie, peur, etc. Une minute je rie, la suivante je pleure ;
puis j'ai peur et de suite je suis heureux, et ainsi de suite. Bien que j'ai la
sensation que cela dure toute la nuit, je dois m'endormir car au lever du jour,
les infirmières me réveillent. Je suis tout à fait conscient de ce qui s'est
passé cette nuit mais je ne me sens pas du tout perturbé. Je suis étonné et
assez joyeux. J'ai la sensation que mon corps et mon nouveau foie viennent de
s'accepter mutuellement et de se brancher l'un à l'autre.
De
jour en jour, je reprends des forces, mange avec appétit, avale mes
collations avec plaisir et récupère bien. On me retire le drain des liquides
opératoires et du fluide hépatique de mon côté droit et ma sonde urinaire. Pour
la durée de mon hospitalisation, on m'enfile jour et nuit des bas de contention
allant des pieds jusqu'aux cuisses, cela pour éviter l'apparition d'œdèmes
résultant de mon manque de mouvements. Je rencontre la docteur du service des
greffes hépatiques qui me suivra désormais. L'hépato-gastroentérologue passe
plusieurs fois me voir lors de ses consultations dans cet hôpital. Il est
vraiment heureux de me trouver en si bonne forme et ses visites de courtoisie
nous permettent d'échanger sur le plan humain et personnel, en toute
convivialité, une agréable surprise. Mon bilan sanguin indique que le taux de
bilirubine sanguine est descendu à 80 et ma jaunisse disparaît au fil des
jours.
Je quitte
désormais mon lit pour prendre mes trois repas assis dans le fauteuil et je fais
ma toilette seul chaque jour sous la supervision d'une infirmière. De plus, je
me rends au cabinet seul dès que la sonde urinaire m'est retirée. Les examens
médicaux et les visites des infirmières et médecins se répètent plusieurs fois
par jour pour constater que la greffe du foie a bien pris et que je me remets
exceptionnellement bien. Une amie passe me rendre visite plusieurs fois en m'apportant de la lecture et des collations
sans gluten et pour m'aider au moment du coucher lorsque ma compagne ne peut
être présente. Au fil des jours, un de ses frères et une de ses sœurs passent
aussi me rendre visite, me tenir un peu compagnie ou m'apporter de la lecture
que je dévore avec plaisir.
Samedi
10 mai, la dernière sonde m'est
retirée ainsi que les agrafes métalliques la tenant en place. Je conserve une
perfusion dans le creux du bras droit. Je suis désormais entièrement autonome
dans ma petite chambre. Je vais à la selle pour la première fois, ce qui
atteste du fonctionnement parfait de mon système digestif et de mon nouveau
foie. J'ai tellement faim que je me régale de la nourriture de l'hôpital que je
trouve délicieuse (spaghettis Bolognaise, steak haché, riz, purée, filet de
poisson en sauce, légumes verts, compotes...), ce qui amuse ma compagne. Je rêve
de fraises, de croissant au beurre, de pizza, de fougasse, de bœuf bourguignon,
de tournedos, de hamburger bien épais et juteux, de saucisson et charcuterie.
Pour un végétarien, ça la fout mal ! Je passe ma journée à lire, étudier,
annoter un livre de cuisine italienne offert par une belle-sœur, et un guide
touristique et gastronomique sur l'Italie du sud. Les seules émissions en
soirée qui me passionnent à la télévision de ma chambre traitent de cuisine,
restauration et gastronomie. J'ai toujours été gourmand, mais là, je bats tous
mes records, à en devenir passionné. La nourriture devient mon sujet de
conversation favori pour les trois prochains mois, en attendant que ma fringale
se calme. C'est vrai que j'ai 23 à 25 kg à récupérer !
Lundi
12 mai, je parle au téléphone à ma fille cadette au Canada et laisse des
messages de mes nouvelles à ma mère et à ma fille aînée.
Mercredi
14 mai, on me retire le pansement
de la plaie qui me raie le ventre, juste sous le diaphragme, révélant 26 points
de suture. Les sept agrafes métalliques qui maintenaient en place les divers
drains et perfusions ont déjà toutes été retirées. La coordinatrice du service
de greffes hépatiques avise ma compagne que si mon état se maintient comme tel,
je pourrais sortir samedi midi, 12 jours après l'opération. Cela me sera
confirmé le soir même par les infirmières de nuit qui m'en félicitent.
Jeudi
15 mai, la coordinatrice du
service des greffes hépatiques vient rencontrer ma compagne et moi concernant
la procédure de sortie et les soins à domicile avec ma nouvelle hygiène de vie
en tant que transplanté. Elle répond à toutes nos questions et calme nos
inquiétudes. Le lendemain, par perfusion, deux litres de solution me seront
apportés pour augmenter mon taux d'hémoglobine légèrement bas. Ma bilirubine
est désormais à 56. Le décontaminant sera interrompu à ma sortie mais les
autres médicaments sont maintenus. Mon bilan sanguin est excellent. Je pèse
désormais 57 kg.
Samedi
17 mai, sortie de l'hôpital. Je
suis en totale gratitude envers tout le personnel de l'unité de chirurgie
hépatique et de réanimation pour non seulement la qualité de leurs soins mais
aussi leur gentillesse et grande qualité humaine qui ont rendu mon séjour des
plus agréables. Rentrée à la maison en ambulance. Je dors durant le trajet. A
la maison, ma compagne a aménagé ma chambre au rez-de-chaussée avec sa salle de
bain, le tout stérilisé. Elle a acheté un fauteuil de salon dans lequel je peux
m'allonger confortablement durant la journée, à profiter du soleil passant par
la baie vitrée. Je passe la plupart du temps allongé les premiers temps. Le
repos total m'est imposé. Les infirmières passent régulièrement à la maison
pour nettoyer ma cicatrice, changer le pansement et, chaque semaine, pour faire
les prises de sang. Je n'ai pas le droit de me doucher tant que les points de
suture n'auront pas été retirés. Je continue donc ma toilette de chat
quotidienne. Chaque semaine, je dois retourner en ambulance à l'hôpital en
consultation avec la docteur du service de greffes hépatiques et pour
l'ajustement des médicaments en fonction du bilan sanguin. Mon cocktail de
médicaments comprend :
-Delursan 500
mg, deux fois par jour ;
-Solupred 5 mg,
une fois le matin ;
-Cellcept 500
mg, deux fois par jour ;
-Esomeprazole
40 mg, une fois le soir ;
-Advagraf 8 mg,
une fois le matin à 08h30 ;
-Lorenox 40 mg,
une fois le matin pendant une semaine.
Un angio scanner
est prévu à l'hôpital pour mardi 20 mai
et son résultat est excellent. J'en sors avec le bras droit très douloureux en
raison de trois vaines tentatives pour y placer une perfusion qui se
solde en
l'éclatement de veines de mes deux bras. Il faut placer l'intraveineuse sur une
veine du dessus de mon avant bras gauche : aïe !
L'hématologue
du service des greffes hépatiques me revoit lundi
26 mai pour le premier bilan hebdomadaire où tout sera en ordre. Mon poids
continue de remonter, j'en suis à 60 kg. Je demande une prescription pour des
soins de kinésithérapie et la docteur m'en prescrit une dizaine de séances pour
m'aider sur le plan articulaire et musculaire après tout ces mois durant
lesquels je suis resté alité.
Je vis une
journée à la fois. Je ne réfléchis pas encore au futur, à l'avenir. La
possibilité d'un rejet d'organe est trop éminente le premier trimestre pour que
je me projette au delà du jour présent. Je me réveille surpris de me sentir en
santé et je bénis la vie de m'offrir une nouvelle journée. Je demeure en état
de gratitude constante par rapport au donateur, à l'équipe médicale, à mon
propre corps et à ma compagne qui tous me permettent de me concentrer
exclusivement sur ma convalescence. Je reprends goût à la lecture, l'un de mes passe-temps
favoris. Je n'ai pas encore la force de reprendre mes notes sur l'ordinateur.
Je m'en tiens à de brèves notes manuscrites dans mon cahier de suivi.
Samedi
30 mai, je quitte la maison pour la première fois pour passer le weekend à
Bordeaux, dans la famille, à l'occasion du mariage d'une de mes nièces, que je
ne veux manquer pour rien au monde. Je demande à mon beau-père, âgé de 89 ans,
de me prêter une de ses cannes de marche. Après tout, ce n'est pas souvent que
j'enfile le costard, avec ma dulcinée en robe de princesse. J'arrive à tenir
toute la journée, avec une sieste en après-midi, jusqu'aux feux d'artifices
nocturnes à la fin du banquet. Tout le monde est ravi de me retrouver sur
pieds, même si je dois refuser nombre de baisers vu que mon système immunitaire
est fragilisé par les médicaments antirejet. C'est une vraiment belle
célébration que j'apprécie énormément.
Juin
:
Je revois en consultation de suivi la
docteur trois fois : les 2, 16 et 25 juin. A cette dernière date, le service
des greffes hépatiques de Pellegrin a organisé un atelier, en matinée, portant
sur les médicaments, leur importance, les problématiques possibles et les
solutions en cas d'oubli ou de rejet. Mon poids continue d'augmenter : 66 kg.
J'ai bonne mine et ne suis aucunement indisposé par la prise des médicaments.
Ma cicatrice se referme bien. Une belle sœur nous prête sa maison sur le bassin
d'Arcachon quelques jours alors que ma mère nous visite du Canada et je suis en
mesure de reprendre la marche nordique avec deux battons. Le vent est trop
froid pour me permettre de me baigner et je dois me protéger du soleil compte
tenu de ma nouvelle sensibilité découlant du traitement médical.
Juillet
:
J'ai deux rendez-vous de suivi en
juillet à l'hôpital : les 3 et 16 et tout va bien. Les points de sutures me
sont retirés. Les 7 et 8 juillet,
nous remontons à Auxerre, en Bourgogne, pour une autre cure de bains chauds
d'eau d'orage. Nous avons par la suite rendez-vous à Kelh, à la frontière
allemande, pour notre suivi trimestriel homéopathique. Le traitement est
ajusté. Nouveau bilan physio scan et nouvelles cartes électromagnétiques. Nous
rentrons tranquillement à la maison en deux jours de route.
Le 21 juillet, je passe
voir l'ophtalmologiste pour un bilan visuel qui est parfait : aucune baisse
notable. Le 28 juillet, je rencontre
mon médecin traitant pour mettre mon dossier à jour et tout va bien : tension à
11, poids à 71,5 kg habillé et il me trouve en pleine forme.
Août
:
Un nouvel atelier du service des
greffes hépatiques à lieu à Pellegrin mercredi
6 août et je vois ensuite la docteur pour mon bilan.
Le 11
août, j'entreprends ma campagne
de gratitude en répondant à toutes les personnes qui m'ont soutenu durant ma
maladie. Par lettres et courriels en français ou en anglais, je communique avec
76 personnes sur trois continents, dont des responsables de groupes de prière,
de réseaux et ce cercles de soutien. Je leur donne des nouvelles de la
transplantation, de ma convalescence, des traitements médicaux. J'en profite
pour offrir quelques renseignements sur l'utilité du don d'organes et sur
quelques données concernant la greffe hépatique. Par exemple : Etre greffé en France est un miracle en soi
! En France, en 2013, il y a eu 18 976 demandeurs d'organes pour seulement 5
123 greffés, dont 1 241 foies (cela veut dire qu'un seul demandeur sur quatre
fut greffé) ; parmi ceux-là, 25 % n'ont pas tenu ; parmi les 75 % restant,
quatre sur dix des CSP nécessiteront une seconde greffe d'ici quatre ans...
Je suis dans la gratitude pour toi et tous ceux et
celles qui, de près ou de loin (amis, parents, cercles de prière et autres
réseaux, thérapeutes, personnel soignant etc.) m'ont soutenu et pour le donneur
d'organe et sa famille ainsi que pour toute l'équipe médicale et chirurgicale.
Vous m'avez, chacun à votre façon, sauvé la vie et offert un nouveau départ.
Alors que j'avais signé ma carte de donneur d'organe
dès l'âge de 16 ans (à titre de motard), voilà qu'à 55 ans, c'est moi qui
bénéficie d'une transplantation ! Sachez qu'un donateur sauve en moyenne la vie
de six personnes : alors pensez au don d'organe !
Lundi
25 août, j'ai un nouveau malaise
après un déjeuner au restaurant. Lorsque je lui décris les symptômes, mon
hématologue que je revois le 28 août,
m'indique que cela ressemble à un malaise digestif, ce qui n'est pas grave.
Elle ajuste la dose des médicaments (l'Advagraf descend de 8 à 7 mg par jour)
en fonction de mon dernier bilan sanguin et me fournit une prescription
internationale en vue de mon voyage au Canada pour y voir ma famille, du 2 septembre
au 2 octobre. Elle m'autorise aussi à reprendre mon yoga et ma gymnastique
quotidienne tranquillement, sans forcer, ainsi que le vélo, mais en douceur.
J'ai rencontré, en effet, un jeune transplanté lors de l'atelier, qui m'indique
avoir forcé un peu trop lors de sa reprise des exercices physiques (jogging et
vélo) et qu'il s'est offert un malaise et une hospitalisation parce qu'il
passait du sang (selles et vomis). Donc, recommandation d'y aller mollo !
Septembre
:
Tout se passe bien lors de mon mois au Canada
si ce n'est pour un début d'angine. Je téléphone à mon hépatologue au service
des greffes hépatiques à l'hôpital de Bordeaux qui m'informe qu'il n'y a pas de
contre-effet négatif possible avec les médicaments contre la grippe ou l'angine.
Je consulte donc mon médecin traitant au Canada qui me prescrit comme
antibiotique du Azithromycin 250 mg, deux pilules le premier jour, puis une par
jour pour les prochains 4 jours. Le mal de gorge disparaît et le reste du
séjour se passe très bien. Il me faut ajuster graduellement l'heure de prise de
l'Advagraf 7 mg entre l'heure de France et celle du Canada en tenant compte des
six heures de décalage horaire. Je décale la prise d'une heure à la fois sur 6
jours à l'aller comme au retour afin de maintenir la prise à 08h30 du matin.
Tout se passe bien, sans effet secondaire. Mon poids est monté jusqu'à 77 kg au
Canada mais j'ai pu le rajuster à la baisse à 75 kg pour mon retour, 74 étant
mon poids normal. La cortisone (Solupred 5 mg) que je prends facilite la prise
de poids alors je dois faire attention. Mon régime restreint aussi le sucre et
le sel au maximum. S'il m'est facile de faire attention au sel, c'est tout
autre chose pour le sucre. On le retrouve partout et dans tout. Je n'ai jamais
autant lu, avec autant de minutie, la composition des aliments achetés ; je
m'abstiens d'emblée des desserts et collations sucrées, des boissons sucrées et
jus de fruits. Je remplace le sucre dans mes boissons chaudes par la poudre de
stévia (plante sans sucre). Alors que j'avais une fringale tout azimut les
trois premiers mois après la greffe, mon appétit s'est de nouveau calmé et je
reviens sans problème à mon régime traditionnel principalement végétarien, sans
gluten et sans produits laitiers (autres que fromages ou yaourts de lait de
chèvres ou brebis à l'occasion).
Je crois que
l'ensemble des thérapies et du travail émotionnel en développement personnel
que j'ai entrepris durant ma maladie m'ont sérieusement aidé avec la
transplantation et ma convalescence. Mais au-delà du plan physique, il est
clair pour moi que tout cela a aussi eu un impact important sur mon plan
émotionnel, relationnel et familial. Sur le plan personnel, je suis mieux dans
ma peau, je me respecte sans compromis, j'écoute mon corps avec plus de respect
comme si mon bien-être était devenu ma première préoccupation, tout
naturellement. Je verbalise mieux mes émotions, même si avec plus de fermeté
qu'avant mais encore avec respect pour autrui. Je sens que chaque
journée est un
cadeau et qu'il est essentiel que j'en profite au mieux en vivant mes valeurs
sans compromis.
Sur le plan
familial, des guérisons ont eu lieu en toute simplicité. Cela est-il dû au fait
que j'ai failli mourir et que mes proches ont cherché à se rapprocher tout
simplement de moi ? Ou est-ce en raison de mon lâcher prise face à d'anciennes
exigences et comportements que j'avais refusé, jusque là, d'abandonner ? Est-ce
du à l'accumulation des nettoyages thérapeutiques que j'ai entrepris de bonne
foi ? Je ne sais. Il n'en demeure pas moins que je me sens beaucoup mieux cette
fois-ci à mon retour de séjour dans ma famille. Peut-être que je sens désormais
qu'entretenir involontairement d'anciennes blessures ne m'apporte rien de bon
et qu'il m'est bénéfique de profiter tout simplement de moments partagés avec
mes proches même si nos points de vue diffèrent.
Sur le plan
relationnel, j'accepte moins qu'avant les compromis. Soit une situation me
convient, et j'en profite, soit elle ne me convient pas et je m'abstiens. Mon
ressenti intérieur, dans mes tripes, devient mon baromètre du bonheur. Je
choisis de ne plus me mettre dans des situations compromettantes sur le plan de
mes valeurs intimes. Ce n'est pas facile. Je dérange certainement. Mais il me
semble que cette nouvelle posture m'est plus facile à tenir qu'avant. Si je ne
veux pas manger d'un tel mets chez un ami, je refuse, avec gentillesse et
gratitude, mais je refuse. Avant j'aurais eu tendance à 'faire exception', mais
plus maintenant. Il en va pour les invitations, les sorties, les rencontres,
les demandes etc. Je me sens mieux dans ma peau, je respecte mieux ma propre
posture et je me sens moins dans l'obligation d'expliquer les 'pourquoi' et les
'comment'.
Je dirais
qu'en général, les choses sont devenues plus simples pour moi : certaines ont
de l'importance, d'autres n'en ont aucune. Certaines me font me sentir bien,
d'autres non. Il en va ainsi pour mes émotions. Je les sens toutes comme avant
et même si toutes valent la peine d'être identifiées et verbalisées si
nécessaire, seulement certaines méritent toute mon attention et ma diligence :
celles qui me rendent heureux, en dedans, ou qui augmentent mon bien-être. La
vie est belle et vaut la peine d'être vécue pleinement. Chaque jour et chaque
événement méritent d'être célébrés. Alors il ne sert à rien de m'apitoyer ou de
m'arrêter sur les mauvaises expériences, autre que d'avoir la présence d'esprit
de les éviter à l'avenir. Entretenir un environnement extérieur et intérieur
sain devient pour moi prioritaire en toute circonstance. Me sentir bien, le
plus souvent possible et cultiver cela sans relâche : ma clef du bonheur. Voilà
tout.
Octobre
:
A mon retour du Canada, je rencontre
mon hématologue de l'hôpital Pellegrin en consultation jeudi 9. Tout va au mieux et mes doses de médicaments restent
inchangées. Cette semaine-là, mon poids redescend à mes 74 kg normaux. J'évite
simplement les collations du matin et de l'après-midi en les remplaçant par un
bol de tisane ou un grand verre d'eau. Je me tiens à une seule portion
raisonnable aux repas, le plus souvent d'un plat unique, en mâchant lentement
(chose plus difficile à dire qu'à faire pour moi qui mange 'comme un
aspirateur', au dire de ma compagne). Je maintiens ma gym matinale et une heure
de marche par jour. Je reprends des petits travaux ménagers et d'entretien de
la propriété en profitant des beaux jours d'automne.
Mercredi 15 octobre, je reprends les traitements homéopathiques entrepris avant la greffe
pour soutenir mon système digestif (foie, pancréas, reins), mon cœur, mes
systèmes immunitaire et neurologique ainsi que mon dos. Les consultations de
suivi se font par téléphone auprès d'une clinique de la frontière
franco-allemande où je vais en consultation tous les quatre à cinq mois. Pour
l'automne, on me prescrit en plus un traitement antigrippe (une goutte après
chaque repas).
Lundi et mardi 27 et 28
octobre, j'entreprends pour la
première fois des journées complètes de travaux physiques de jardinage sur la
propriété. J'y suis de 8h30 à 18h, avec une petite heure de repos à midi. Il
nous faut planter les arbustes et plantes en vue de l'hiver. Il y a une haie
sur 12 mètres, sept arbustes en bacs et une douzaine de plantes à mettre en
terre ainsi que deux arbres : un cyprès et un olivier, tous deux de deux mètres
de hauteur. Le jardinier aide ma compagne et moi. Il me faut construire une
clôture protectrice en bois pour la nouvelle haie afin d'empêcher les cervidés
de s'y frotter, de les déraciner ou de les manger. J'utilise des troncs de bois
conservés d'un défrichage récent. J'ai 24 troncs de cinq mètres et 24 de trois
mètres en plus de 12 pieux de deux mètres, le tout en chêne, noisetier et pin.
J'y passerai une journée entière. Je construis un triple tuteur pour le cyprès
pour sa protection. Je dois aussi installer un portail provisoire pour le
jardin afin d'empêcher les chevreuils et lapins d'y entrer brouter la nuit. Il
me faut charrier une vingtaine de brouettes de pierres pour le fond des bacs
qui iront sur une terrasse et pour tapisser et égaliser le fond de la tranchée
où sera plantée la nouvelle haie. Je protège bien ma cicatrice et ralenti
lorsque je la sens qui tire. Le soir, j'ai les pieds en compote, les jambes en
caoutchouc et le dos éreinté, le corps totalement épuisé mais content qu'il ait relevé le défi. Je dors comme une masse après
un bain de pieds aux sels minéraux et d'arnica et une bonne douche chaude. Je
n'attends pas le septième jour, comme le Bon Dieu, pour me reposer. Je m'y mets
dès le troisième. Ainsi, je peux continuer des petits travaux ici et là dans
les jours qui suivront.
Les personnes
que je croise n'en reviennent pas de mon rétablissement : je parais plus jeune,
en meilleure forme physique que ces dix dernières années car j'ai repris des
rondeurs au visage et j'ai un teint en santé. C'est vrai que ma compagne a
retrouvé son homme de 2002 ! Les photos en témoignent. Je ne l'aurais jamais
cru moi-même. Je n'ai pas récupéré ma forme physique car du côté
cardio-vasculaire, je traine encore la patte. Mais les exercices aidant, la
force musculaire de mes jambes revient. Mes bras et mon torse ont repris plus
facilement. Ma posture s'est redressée comme avant la maladie et à la suite de
la chirurgie où je restais légèrement courbé en avant dans une posture soit
fatiguée, soit protectrice (de la cicatrice). J'ai repris le goût de la vie et
le beau temps aidant, je passe de plus en plus de temps dehors. J'ai repris mes
passe-temps de lecture et d'écriture, que j'avais totalement abandonnés durant
la maladie. Je réfléchis de nouveau à mon avenir, à mes désirs futurs, à la
reprise de mes activités professionnelles, aux prochains voyages... J'ai de
nouveau une vie devant moi. J'en prends conscience et cette réalité me
préoccupe. Dois-je accomplir quelque chose de spécial compte tenu de la chance
qui m'est donnée de vivre plus longtemps ? Une personne est décédée pour que
j'hérite de son foie, ai-je une responsabilité particulière désormais à ne
surtout pas gâcher ce cadeau miraculeux, à ne pas gâcher ma vie ? Je sens un
poids nouveau peser sur mes épaules, quelque chose qui n'existait pas avant la
greffe. Je sais qu'il me faut y réfléchir mais je ne sais comment m'y prendre
ni par où commencer. Je me sens redevable de quelque chose : à qui ? de quoi ?
et comment ? Je ne sais, au juste. Mais c'est là. Et c'est incontournable. A
cette fin, je ne vais plus tarder à reprendre mes espaces de médiation.
Novembre
:
Lundi
3 novembre, c'est l'anniversaire de
mes premiers six mois depuis ma transplantation hépatique. Je demande à ma
compagne de me prendre en photo (le torse nu) comme à la sortie de la
chirurgie, afin de comparer et d'enregistrer le progrès accompli. Ainsi je peux
imprimer cette photo et l'ajouter à mon dossier, en guise de souvenir. Le
prochain anniversaire sera celui d'un an, le 3 mai 2015. J'enregistre mon
poids, 75,6 kg, ma tension 124 / 69 et mon pouls à 63. Je suis en pleine forme.
Mon nouveau
foie m'a permis de remanger de la viande en abondance durant le premier
trimestre qui a suivi l'opération, aliment qui m'était devenu indigeste auparavant.
Le traitement NAET contre les allergies me permet aussi de tolérer les œufs, à
la poêle ou en omelette, mets que je digérais difficilement avant la greffe.
L'hématologue m'a conseillé d'abandonner le complément hyper-protéiné
(Frésubin) au profit de yaourts de lait de chèvre ou brebis, que je mélange le
matin avec mes céréales sans gluten, et ils semblent avoir stabilisé mon
équilibre enzymatique car mes selles sont redevenues normales, mes éternelles
diarrhées ayant complètement disparues. Mon appétit aussi est stable : oubliées
les fringales post-opératoires, les manques de sucreries addictives, les désirs
insatiables de pizzas, de fougasses, de croissants au beurre. J'ai remplacé les
petites crises alimentaires par un verre d'eau, un bol de tisane, de thé vert
ou rouge, ou un cacao à l'eau chaude. Le vin, interdit, ne m'intéresse plus du
tout et je le refuse sans état d'âme. La viande rouge, non seulement ne me fait
plus envie désormais mais me révulse. Mon nouvel état d'esprit me permet aussi de
m'abstenir de viande blanche et de poisson sans arrière pensée. Un simple 'non
merci' suffit à me positionner, sans avoir à me justifier d'aucune façon. Il en
va ainsi pour les charcuteries, mon ancien péché mignon. Ma compagne prépare
d'avance des légumineuses afin que je puisse en ajouter une cuillère à soupe à
mes céréales et légumes pour venir compléter les oléagineux et huiles végétales
pour un apport de protéines végétales adéquat. Je n'ai pas faim entre les repas
où je me satisfais d'une unique portion d'un plat combiné. Je reprends sans
trop d'efforts mes activités physiques extérieures lorsque la météo s'y prête.
Je me sens et parais en très bonne forme physique même si je ressens le besoin
d'améliorer mon conditionnement cardio-vasculaire encore affaibli. Jamais, dans
mes plus fous espoirs, je n'aurais cru que la greffe du foie puisse me rendre
une pareille santé ! Vraiment, je ne m'y attendais pas et je bénis chaque
nouveau jour qui m'est offert de vivre ainsi.
En vue de mon
rendez-vous du jeudi 20 novembre avec
mon hématologue de l'hôpital Pellegrin, l'infirmière passe mardi matin pour la
prise de sang, à jeun, avant ma prise d'Advagraf de 8h30, comme d'habitude. Mon
poids se maintient à 75 kg. Tout est normal, sauf mon taux de mauvais
cholestérol trop bas, ce qui est une bonne nouvelle. Globules blancs et le
reste sont adéquats. Feu vert jusqu’au prochain rendez-vous en février 2015.
La grande médecine à base de plantes du Dr imoloa est le remède parfait pour le virus du VIH, j'ai été diagnostiqué du VIH pendant 8 ans, et chaque jour je recherche toujours des recherches pour trouver le moyen parfait de se débarrasser de cette terrible maladie parce que je sais toujours que nous avons besoin parce que notre santé est sur terre. Ainsi, lors de ma recherche sur Internet, j'ai vu plusieurs témoignages sur la façon dont le Dr imoloa peut guérir le VIH avec de puissants médicaments à base de plantes. J'ai décidé de contacter cet homme, je l'ai contacté pour les médicaments à base de plantes que j'ai reçus via le service de messagerie DHL. Et il m'a guidé comment. Je lui ai demandé une solution pour prendre des herbes médicinales pendant deux semaines. Et puis il m'a demandé d'aller vérifier ce que je faisais. Regardez-moi (VIH NÉGATIF). Dieu merci, le Dr Imoloa a utilisé un puissant remède à base de plantes pour me guérir. il a également un remède contre des maladies telles que la maladie de Parkison, le cancer du vagin, l'épilepsie, les troubles anxieux, les maladies auto-immunes, les maux de dos, les entorses, les troubles bipolaires, les tumeurs cérébrales, les tumeurs malignes, le bruxisme, la boulimie, la discopathie cervicale, les maladies cardiovasculaires, les maladies cardiovasculaires, entorses, trouble bipolaire, tumeurs cérébrales, malignes, bruxisme, boulimie, maladie du disque cervical, maladie cardiovasculaire, maladie cardiovasculaire, entorses, trouble bipolaire, tumeurs cérébrales, malignes, bruxisme, boulimie, maladie du disque cervical, maladie cardiovasculaire, maladies respiratoires chroniques, mental et troubles du comportement, fibrose kystique, hypertension, diabète, asthme, arthrite auto-immune. Maladie rénale chronique, arthrite, maux de dos, impuissance, spectre d'alcool fêta, troubles dysthymiques, eczéma, cancer de la peau, tuberculose, syndrome de fatigue chronique, constipation, maladie inflammatoire de l'intestin, cancer des os, cancer du poumon, plaies buccales, cancer de la bouche, douleurs corporelles, fièvre, hépatite ABC, syphilis, diarrhée, maladie de Huntington, acné dorsale, insuffisance rénale chronique, maladie d'Addison, maladie chronique, maladie de Crohn, fibrose kystique, fibromyalgie, maladie intestinale inflammatoire, mycose des ongles fongique, paralysie, maladie de Celia, lymphome, dépression majeure , Mélanome malin, manie, mélorhéostose, maladie de Ménière, mucopolysaccharidose, sclérose en plaques, dystrophie musculaire, polyarthrite rhumatoïde, maladie d'Alzheimer email- drimolaherbalmademedicine@gmail.com / ou {whatssapp ..... + 2347081986098}
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